A l'ère du footballénien attardé
Moins intellectuel que le tennis qui est à la fois trop technique, trop guindé et assez peu mobile à l'écran, nettement moins sale que le rugby dont la virilité à l'image du hockey sur glace ou même de la boxe peut complexer les moins courageux, moins laborieux que le vélo d'ailleurs souvent comparé à une visite touristique de sites locaux pour meubler les trop longs temps morts (preuve en est personne ne regarde le vélo de piste où des types accroupis se pédalent sur eux-mêmes en tournant en rond comme des hamsters....), mais surtout, beaucoup moins snob que le Golf où la lenteur méditative en décourage plus d'un, et certainement moins rapide que le Hand Ball où le ballon va beaucoup trop vite comme au basket où là, en plus, trop de grands joueurs masquent l'action une fois sur deux, nettement moins hypnotisant que la Formule 1 qui tourne en boucle tout le temps, et surtout bien moins crispant que le ping-pong qui peut rendre fou à la longue... On ne dira rien de l'escrime où l'affaire se règle en un quart de seconde, ni du squash où il faut une loupe pour comprendre ce qu'il se passe, etc.... De tous les sports de la création, le foot a lui au-moins l'avantage de plaire à tous, c'est le sport médiocre du plus petit dénominateur commun.
Sport du moins en tout , le foot est un sport sans qualité par excellence mais qui parle comme à une sœur à notre époque égarée car le foot est aussi le sport de toutes les contradictions. Seul sport d'équipe à se jouer egocentriquement, c'est aussi le seul jeu au pied où l'on peut marquer de la main pour se qualifier, où il est recommandé de tromper l'arbitre, où le chauvinisme d'équipe peut rapidement dégénérer en racisme affiché, où l'on a le droit d'hurler bien caché dans les tribunes « A MORT L'ARBITRE ! » , où on signale sa joie d'avoir marqué soit en pelotant ses camarades (pour vérifier quoi ?) soit en se remontant le maillot sur la tête pour jouer à faire l'avion dans le noir, ce qui, notons le bien, n'importe où ailleurs que dans un stade, passerait pour un acte psychiatrique grave... Bref, l'évidence porte à croire que si le foot plait autant à tous c'est parce que c'est un sport facile à regarder à l'écran, et d'autant plus facile à comprendre qu'il donne en modèle tout ce que la bienséance de la vie en société normalement réprouve ; tout garder pour soi, tricher,toujours contester l'arbitre, régresser, faire mal par derrière, dissimuler ses gestes, se laisser aller etc...Les règles du foot plaisent pour autant que, comme dans la vie, il faut les contourner un peu pour gagner.
En flattant les plus viles passions humaines, le foot avait donc toutes les qualités pour devenir une religion laïque dont le dieu est non pas la liberté gagnée par l'effort, mais l'argent, l'argent qui ruisselle sur ses Saints auxquels on pardonne tout ; l'inculture radicale, comme la violence incontrôlée, l'autisme social, etc... Pourvu, oui pourvu seulement qu'il y ait des buts afin que les fidèles n'aient plus à penser au foot ! C'est ainsi que les Saints du foot, ceux qui marquent, des buts donc mais aussi les esprits qui ne pensent pas, sont ainsi eux-mêmes devenus des marques qui ruinent ensuite le peuple avide de s'arracher les produits dérivés comme autant de saintes reliques. Au foot tout pêché est pardonné...
Mais plus que n'importe quel autre sport, c'est par son spectacle télégénique que le foot a pu devenir à ce point liturgie des masses ; particulièrement adapté par son rythme lent sans être mou, vif sans être rapide, organisé sans être technique, le foot est un spectacle purement rétinien. En dehors de la surface de l'oeil, aucune partie du corps et encore moins de l'esprit n'est mise à l'épreuve sinon lle foie car le foot ne se regarde jamais à jeun. Au foot tout est écran....
Le foot électrifié au Tazer.... Ou la preuve par la connerie de la bassesse de ce divertissement.