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MASSESCRITIQUES

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#18 "Les devins dévissent"

Publié le 25 Octobre 2011 par dautresdirections in Masses Critiques

Le zoo humain des experts médiatiques

 

« Ce ne sont pas les marchés qui sont en cause mais l’impuissance politique »

Anton Brender, Directeur Etudes Economiques de Dexia Asset Management

Une double page dans Le Nouvel Obervateur  du 11 Août 2011

podborka 46 (1)Les incendiaires, comment ils nous ont plongé dans la crise ? -

 

 

De manière générale, la France souffre d’endogamie. Endogamie intellectuelle, politique, médiatique et financière... Et chacun de s’habituer à cette connivence d’intérêts où la proximité entre pairs suscite des accouplements calculés par une intention de prime abord invisible. Si l’endogamie est le fruit d’accouplements qui ne sont plus le fait du hasard, mais le croisement d’individus fortement apparentés dans un même environnement, le risque est alors une tendance à l’homozygotie ; un même gène au lieu de se dédoubler en deux exemplaires (hétérozygotie, un gène du père et un de la mère), fusionnera en un seul exemplaire aux qualités génétiques identiques excluant de fait les variations et les aléas qui engendrent la belle différence et l’enrichissante diversité des êtres. C’est donc par sélection héréditaire de ces gênes qu’on obtient des races à concours, aux morphologies et couleurs identiques. Ainsi s’explique l’actuelle multiplication lassante des tigres blancs dans les Zoos. Exceptionnels dans la nature, ils deviennent la norme dans ces espaces marchands où il s’agit d’attirer le regard rentable du client.

Pour les mêmes raisons l’espace médiatique Français tend à devenir ce grand zoo mental où se réplique sans cesse la même espèce, par croisements stratégiquement sélectionnés, engendrant la pensée unique de l’économiquement correcte. Comment expliquer aux Français la fatalité de cette nouvelle gabelle qu’est le financement par l’argent public des intérêts et spéculations privées des banques dont les bénéfices ont sextuplés  en 2010[i] ?

1° - En martelant les même mots selon un sens inapproprié jusqu’à déclencher dans les fonctions mentales du grand public, le phénomène de Pavlof. Exemple : à force de répéter « les marchés » ceci et les « marchés » cela, chacun désidentifie sa responsabilité dans un «ils» inaccessible. Les marchés c’est personne. Si on disait à la place les spéculateurs, les actionnaires, les assurances-vie, les épargnants chacun comprendrait mieux à quoi il participe passivement.

2° - En montrant au public non pas des économistes intègres et libres, mais des « experts » sélectionnés pour leur aptitude homozygote avec « les marchés ». C’est un véritable problème de déontologie intellectuelle qu’il faut prendre en compte désormais ; n’interviennent plus dans l’espace public que des répliquants experts de l’idéologie d’un système pourtant en faillite depuis plusieurs années. Lorsque les historiens du futur se pencheront sur notre époque ils concluront sûrement à une dégénérescence intellectuellement endogamique pour expliquer notre fascination persistante pour des solutions engendrant toujours le même problème, ces solutions étant proposées par des personnalités elles-mêmes très largement payées par les responsables de cette même crise !

Dans un article bien informé[ii], Bertrand Rothé,  co-auteur avec Gérard Mordillat de  Il n’y a pas d’alternative  nous offre un ticket aller sans retour dans ce grand parc humain où se prélassent les grands fauves de la pensée du « tout aux marchés ! » dont chacun voit pourtant que ça n’a jamais vraiment marché....

Ainsi on apprend que l’essentiel des experts convoqués par le journal « Le Monde » pour analyser la crise, ce mois d’Août 2011, se trouvaient être payés à titre personnel par des groupes d’affaire. C’est très exactement 16 experts sur 22 qui sont consultants d’institutions financières, elles-mêmes parties prenantes de la crise, soit 76,6 %... Idem le Nouvel Observateur dans une proportion moindre. Ainsi lorsque Le Monde s’autorise une question génétiquement risquée comme ; « l’inflation peut-elle résorber les dettes publiques ? », c’est pas moins de 6 experts qui labourent le terrain mental des lecteurs dans le même sens, pour expliquer comment c’est impossible. Pas de point de vue adverse bien entendu... Par exemple deux professeur de l’Edhec, école sérieuse où est formée l’élite économique chargée de trouver les bonnes solutions, « oublient » de mentionner que leur laboratoire de recherche est financé par la Banque Rothschild... Michel Aglietta a lui toutefois le courage de signaler à la fin de ses livres qu’il conseille le Groupama Asset Management qui le finance pour cela. Mais c’est là une exception qui confirme la règle du silence en la matière ; Daniel Cohen ne rappelle jamais qu’il travaille pour la Banque Lazard en préférant montrer d’abord qu’il est professeur rue D’Ulm... Mais il est aussi un des trois économistes  siégeant au prestigieux club de l’endogamie qui conseille et oriente les politiques de l’Etat, Le Siècle, cette officine discrète située à deux pas de l’Elysée, mais juste en face de l’Assemblée Nationale. Avec lui siègent également Jean Luc Gréau (ancien expert du MEDEF) et surtout Christian de Boissieuqui avec Daniel Cohen siègent au Conseil d’Analyse Economique, structure gouvernementale lequel conseille le premier ministre.

Sur « 28 membres du CAE 19 sont directement ou indirectement liés à la finance » ; société générale, HSBC, Natixis, Crédit Agricole. Jean Hervé Lorenzi par exemple, habitué des plateaux TV, est officiellement professeur d’économie à Dauphine et officieusement conseiller du Directoire de La Compagnie financière de Rothschild...

Le président du CAE, structure financée par l’Etat, Christian de Boissieu, excellent universitaire dans ses titres et ses récompenses, est aussi discret sur sa participation au conseil d’administration du Crédit Agricole, au conseil de surveillance d’une banque privée, et un hedge fund qu’il conseille...

A l’image des laboratoires pharmaceutiques dont le système d’enrichissement s’est empêtré dans la collusion d’intérêt au sein même du Parlement de la République jusqu’aux ministres de l’Etat, l’économie Française avec la complicité des medias, est elle aussi en train de se dévoyer dans l’enrichissement personnel et l’abus de bien social.

Le péril endogamique de tout ce monde en est au point que le Directeur de l’Ecole d’Economie de Paris (dont est membre le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz) souhaite imposer la règle qui imposerait à toute personnalité intellectuelle se revendiquant de titres universitaires ou académiques, de rendre publics l’ensemble de ses contrats et participations  avec le monde privé des affaires. Ceci afin de rendre plus compréhensibles le sens de leurs « conseils » « librement » proposés aux politiques publiques.

Le mélange des genres mais toujours dans la même espèce,  est manifestement une tradition Française qui fait penser à la lente dégénérescence de l’ancienne noblesse française dite de « sang bleu » qui finit, elle aussi, par n’engendrer que de très beaux tigres blanc, certes, mais parfaitement stériles ; à force de rester sur leurs trônes inconfortables, les Rois souffraient paraît-il, d’une mauvaise circulation du sang, d’où cette mauvaise couleur bleue coulant dans leurs veines....

Un peu de sérendipité[iii] intellectuelle ne ferait pourtant pas de mal au mode actuel de gouvernement, et éviterait, peut-être, la nécessaire révolution génétique à venir !



[i] http://www.lepoint.fr/economie/entretien-les-profits-bancaires-se-font-sur-le-dos-des-clients-17-02-2011-1296599_28.php

[ii] Marianne n° 756 – 15/21 Octobre 2011

[iii] La sérendipité c’est la découverte d’un objet qu’on ne cherchait pas initialement par le croisement du hasard et de l’intelligence.

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F
<br /> Bien vu et d'accord pour dire que l'économie est au sens littéral une religion prosaïque qui présuppose la confiance en une valeur absolue au mépris de l'homme : l'argent... Ce que Paul Valéry<br /> appelait déjà l'empire de la fiducia... "toute société est fiducia"....<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Les experts en économie, Janus bifrons aux deux faces d'une monnaie ( de singe) travaillent en effet, face pour l'opinion publique et pile pour leurs généreux employeurs: tout comme les "experts"<br /> mandarins qui oeuvrent paraît-il face pour notre santé mais pile pour les laboratoire pharmaceutiques... La différence tout de même est que si la biologie et la pharmacie sont des disciplines<br /> scientifiques, il n'en n'est rien de l'économie, qui relève purement et simplement du commentaire a posteriori, et même pas, trois fois hélas: du compte rendu.<br /> <br /> <br />
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